vendredi 25 mars 2016

N° 13 - Les Journées d'Anaïs

Cette chronique est inutile, car elle ne procure ni gain, ni bénéfice. 

Anaïs me disait qu'en ce moment, elle avait des journées qui ne se terminaient pas comme elles auraient dû commencer.

Au début, je me suis dit qu'Anaïs n'était pas raccord. 
Voilà tout. Ça arrive !
Puis j'ai réfléchi : "Elle veut certainement se dire quelque-chose et me le dire, incidemment."

Sous hypnose et après un test rapide de suggestion où elle se prit pour un chat, Anaïs me dit que ses journées ne commençaient pas comme elles devaient, car le commencement tardait trop. Je lui demandai alors comment elles se terminaient. Elle expliqua que ses journées ne se terminaient pas comme un commencement qui débute sans trop tarder. 
Ce qui signifiait que ses journées débordaient sur la journée d'après d'Anaïs

Tout devint limpide, dès lors : Anaïs vivait plus... librement, en ce moment! Sa puissance créatrice s'exprimait davantage !

J'en savais suffisamment ! Aussi, je susurrai à l'oreille d'Anaïs : "Je vais compter jusqu'à miaou, et à miaou, tu te réveilleras !"

"Ouarf... piou... mia...ou !" 
  
Anaïs se réveilla ; me demanda si elle n'avait pas trop minaudé. Je la rassurai, puis nous partîmes tous deux commencer le début de la fin de notre journée, qui ne s'acheva pas comme elle aurait dû commencer. 

Cette expérience ne manqua pas de m'interroger et je me fis bientôt hypnotiser, par une amie d'Anaïs répondant au doux prénom d'"Anaïs-Anaïs". Après un test rapide de suggestion où je me pris pour un guépard, je m'endormis comme un... loir ! 
J'étais si bien qu'Anaïs-Ana-Ours, telle que je la rêvai alors, point n'eut le cœur de me tirer de mes songes...

Joli chat et joli nounours que ces deux-là.

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera des causes de Di Cantono.

vendredi 18 mars 2016

N° 12 - Germain

Cette chronique est inutile, car elle ne procure ni gain, ni bénéfice.

Ah ! Germain... Cet homme est rompu à éloigner la glace et peut parler des heures, à en briser des bâtons. Si tu écoutes Germain, tu n'es plus au bord d'hésiter : d'un coup, tu te fiches de l’Olympique Saint-Marseille comme de ton dernier pari, ou bien même de ce Dieu qui a créé les huîtres et les créatures pour les gober ; de ce Père qui a créé la pomme d'amour ; de discorde ; de la tentation ; d'Adam, sur Terre comme de Terre.

Germain à l'accent breton et la verve d'un Pagnol. C'est une sorte de Pagnol Breton - à cela près qu'il ne tient pas si bien que ça sur ses pattes...  L'autre jour, il s'est "castré la binette", comme il dit, et s'est retrouvé chez-lui avec une jambe roide, ce qui m'a donné l'occasion d'aller le visiter. Et là, ce fut une fête estivale... : nous échangeâmes toutes sortes de mauvaises pratiques et autres retours d'experts rances ; nous bûment Beaux coups et volûment fort ; nous riment à maux déployés et n'analysiment point quelque Comment ou autre Pourquoi.  
Ah ! Germain...  Il possède cet incroyable don qui le conduit à pouvoir être très proche d'être lui - et il pratique la chose assez régulièrement ! Lorsque l'on a constaté que l'on ne saurait jamais être complètement soi et qu'une belle partie du vaste monde en est même bien loin, c'est étonnant, non ?!

Germain, je l'aime, et puis c'est tout. Et celle ou celui qui me demande si je l'aime d'amour se pose une question qui n'a pas de sens. Comment pourrait-on aimer autrement ?

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera des journées d'Anaïs.

vendredi 11 mars 2016

N°11 - Infinie Tristesse



Cette chronique est inutile, car elle ne procure ni gain, ni bénéfice.

Mon idée de la liberté, c'était : "être comme personne, si je veux !". 

Comme tout le monde, donc. 

De pouvoir être différent, comme les autres, si vous voulez.

La République du pays dans lequel je zonais protégeait mon droit à m'intéresser, à me détourner ou à me moquer de la richesse de l'indifférenciation ou de l'indifférence. 
Je pouvais bien ne pas chanter l'hymne - je chante faux - que mon pays ne m'en voulait pas, tant que mon projet n'était pas de nuire à mon alter-humain.

Puis un jour, un gouvernement se réclamant approximativement du socialisme s'empara de la Réaction. Il avait apparemment à cœur de se l'approprier avec fermeté, "pour ne rien laisser à l'adversaire"... Il l'amena en toute bonne perdition ; en toute bonne démission ; en toute bonne lâcheté. Il nous gratifia d'une conception du vivre-ensemble qui consista à trier un peu plus entre les modestes et les pauvres ; entre les nationaux purs et les nationaux moins purs.  
Ma tête commença alors à pourrir ("le poisson commence toujours à pourrir par la tête", dit un proverbe chinois) et ma fabrique à ressentiment, détrès productive, s'emballa. 
Assez vite, ce qui devait acheva de se réaliser : je me sentis encore plus désœuvré ; moins pur, encore. 

Mais un jour, avec l'aide précieuse de ceux qui vinrent me trouver, je compris que rien de tout cela n'était normal et que le terrible sort qui m'était réservé prouvait bien que c'était tous ces autres qui étaient non pas moins purs, mais totalement impurs ! 
On m'expliqua alors que je pouvais accéder à une toute autre destinée que cette insondable misère qui m'était infligée sur Terre pas tous ceux-là. Il fallait contribuer à les éliminer pour le plaisir de Dieu, et pour me sauver. Mon honneur retrouvé et mon paradis seraient d'être martyr et je me fis donc sauter, au milieu des salauds. "Eparpillé, façon puzzle", comme un ancien pote bouffeur de grenouilles aimait à dire, du temps où j'avais des potes impurs.


Je ne sais pas d'où je m'exprime aujourd'hui, mais je peux dire que je ne ressens plus ni joie, ni colère, ni culpabilité. Je sais que la pureté et l'impureté sont les deux versants d'une même ineptie et je sais quantité d'autres choses, mais... je ne parviens plus à m'intéresser à tout cela, d'où je suis... 
Ici, tout est très calme, ce qui pourrait me convenir, si je ne ressentais pas cette infinie tristesse.

Paradis ? Enfer ? Ça n'a aucun sens, en ce non lieu... Le fait est que ça n'en a jamais eu en soi... Rien n'a de sens que celui que l'on crée.

Il y aurait tant d'autres choses à créer... 

Quelle tristesse ! 

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera de... Germain.