vendredi 29 juillet 2016

N°31 - Médiocre

Cette chronique est petite, ou peut-être médiocre. Je la veux médiocre. J'y travaille. 

Car je suis médiocre. C'est ma qualité.

"Qualité : médiocre !" 

Mais savoir que l'on est médiocre n'est pas une garantie de succès à coup sûr ! 

Eh oui !... ce n'est pas parce que tenir le milieu entre le grand et le petit permet d'échapper au mal des profondeurs ou au mal des sommets que l'on se taille une place de choix ici où là, ou que l'on est reconnu pour cette belle forme d'équilibre.

Le médiocre, en effet, a du mal à accéder à une juste considération du fait des très nombreuses impostures et autres absences de lucidité. Car il y a, d'une part, tous ceux-là qui se pensent médiocres alors qu'ils ne sont que petits, et d'autre part tous ceux- là qui se pensent grands alors qu'ils ne sont que médiocres. 

Et tout cela crée beaucoup de confusion. Tant et si bien qu'il n'est pas rare que l'on prétende ici et là que l'on vivrait une époque du règne de la médiocrité, alors que bien peu se connaissent ou se reconnaissent médiocres (ce qui est bien compréhensible, puisque le médiocre n'est pas considéré !).
Moi qui ne pense pas que l'on vive une époque de Grandeur - en perçoit-on les signes ?! -, il me semble que nous sommes plus proches d'un Règne de la Petitesse.

Aussi, je proposerais bien que l'on travaille à faire accéder les petits à la médiocrité pour que le monde ne sombre pas totalement, et que les médiocres sécurisent les grands pour qu'ils ne tombent pas (ou qu'ils ne tombent pas plus bas que médiocres, au moins).

Qu'en pensez-vous, les médiocres ? Ce pourrait être un programme !
Ne méprisons pas les grands, ni les médiocres, ni les petits : travaillons à bien reconnaître qui est qui à tel ou tel moment de son existence et n'ayons pas honte d'être médiocre ou de briguer, si l'on s'en sent la capacité ; la volonté et les ailes, une position entre le médiocre et le grand, ou une grande position.
Le propre d'une époque petite est de moquer, de ringardiser ou de mépriser celle ou celui qui ne veut pas ou ne veut plus être petit : soyons plus forts ! 

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera de Bio.

Crédit illustration : https://rochemamabolo.files.wordpress.com



vendredi 22 juillet 2016

N°30 - Drame boulanger à Sanxay

Cette chronique est inutile, car elle ne procure ni gain, ni bénéfice. Et pourtant, j'aurais préféré taire cette histoire inutile... Seulement voilà : l'horreur, elle, ne s'est pas tue !

Avant-hier, aux alentours de 7H15, dans une boulangerie de la commune rurale de Sanxay, Skalalène Ghyskaâl, la cinquantaine, a blessé la boulangère avant d'en finir brutalement avec plusieurs pains à raison, provoquant un carnage alimentaire sans précédant. 
Un vrai drame, dans cette petite bourgade jusqu'ici sans histoire (ndr : le "pain à raison" est une petite viennoiserie locale sans raisin, ni chocolat, dont la composition porte à réfléchir. La recette, préservée secrète, se transmet de mère en fille).

D’après deux témoins, les faits se sont déroulés très rapidement. L'attaque fut extrêmement violente et sans raison apparente. 

Le procureur de la République a déclaré aux journalistes qu'on ne pouvait écarter l'hypothèse que l'accès de folie de madame Ghyskâal ait été précédé d'une "attitude volontairement déraisonnable". En effet, le pain à raison symbolise, comme son nom l'indique, "la raison" ; raison qui aurait "fini par raisonner trop fort dans les os de la tête de Skalalène", si l'on en croit les propos de Kaâr Raôl, une voisine ayant perdu la raison se présentant comme membre de la famille de madame Ghyskaâl. 
Ou de la famille de la boulangère ?! 
Bien des ressorts de ce drame resteraient à démêler, encore...

Un relateur relate, en tant que témoin qui témoigne : "La dame est entrée tout sourire dans la boulangerie. La boulangère était très gentille également. La dame a alors commandé un pain à raison "bien cuit". La boulangère lui a alors demandé si elle plaisantait, lui expliquant à raison que le pain à raison n’a d'autre raison d'être que d’être mi-cuit."

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais madame Ghyskaâl, livide, aurait alors rétorqué, très calmement : "Je vais prendre tous vos pains à raison, dans ce cas !" La boulangère aurait servi les six ou sept pains qu'il lui restait. Madame Ghyskaâl, prise d'une violente convulsion, se serait alors emparée d'un premier pain et l'aurait violemment projeté au visage de la boulangère, qui l'aurait pris dans l'oeil droit en hurlant à la mort. 

Madame Ghyskaâl se serait ensuite saisie d'un pistolet semi-automatique de 9mm. Puis elle aurait jeté à terre les pains, avant de décharger son pistolet, à bout portant, sur les viennoiseries gisant au sol. 


Les habitants de la bourgade tranquille sont sous le choc. Une cellule psychologique a été mise en place. Tout le monde essaie aujourd'hui de relativiser : "Estimons-nous heureux, car elle aurait pu dézinguer tout le rayonnage, quand on y réfléchit !" a commenté une habituée raisonnable de la boulangerie amatrice de pains à raison.


Ce terrible fait divers, qui devrait être classé sans suite par la justice selon mes sources, pourrait tout de même emporter des répercussions à l’échelle locale et régionale. Car ce genre d’incidents semble en effet se multiplier un peu partout alentours, et les pouvoirs publics se disent "très soucieux"

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera d'autre chose. 

vendredi 15 juillet 2016

N°29 - La Vérité Sur L'utile Et L'Inutile


Cette chronique est inutile, aussi parce que l'utilité n'est pas un étant, mais un inutile qu'une ou des volontés ont constitué en utile.

Jeter une lumière inutile - ou "sur" l'inutile et partager ce qui a commencé à en résulter, c'est présenter un vouloir à d'autres vouloirs après avoir produit, le cas échéant, un peu d'utilité à compter de ce qui, d'abord, n'en avait pas.

Glaner l'inutile d'un temps ; le mettre en scène et envisager ses évolutions est un projet ; un projet sans fin(s), puisque ce n'est que prétendre faire accéder des volontés à des places moins minoritaires dans le processus permanent de transformation du monde au sein du multiple.

De même, malmener ce que l'on a déjà constitué en utile en le tordant ; en le découpant, sont des coups portés qui permettent de considérer les entrailles de ce que l'on a créé et d'en extraire quelques enseignements.

Car sans toi ou sans moi lorsque nous voulons, tout demeurerait désespérément dénué de sens. Utile ou inutile : est vrai ce que nous avons interprété.

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera d'autre chose. 

 

vendredi 8 juillet 2016

N°28 - En Toute Fiance






Cette chronique est inutile, car elle ne procure ni gain, ni bénéfice.

Cela dit, comment se fier en toute fiance aux cons en étant soi-même, nécessairement, le pire fiant d’un autre, comme le dicte (si bien) le ton ?

Confiance est mère de tous les mots qui s’accordent un peu trop facilement aux cordes raides de mes Lettres libérées, parfois... Mais vous, les parvenus, êtes venus prêts – ou point trop impréparés. Je laisse paire, en tout cas, et vous choisirez.

En revanche, qui me prenne con me suive si bon lui chante d’être pris pour mon preneur, et que les autres ferrailleurs aillent me faire croire ailleurs ! C’est là ma radicalité ; mon ersatz de liberté...


Que des instincts préhensiles mal contenus me veuillent compréhensible, en tout con tenu, ne sont que le signe de volontés forcenées visant à contenir des portes qui pourraient s'ouvrir, de crainte qu’elles ne claquent une sortie vers l'inconnu.

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera de la vérité sur l'utile et l'inutile.